Bilan 2016

2016 s'achève, et les étoiles des mondes imaginaires qui ont bercé notre enfance s'éteignent un peu plus chaque jour. Nous ne pleurerons pas ceux qui ont quitté le rivage, emportés par de noires et cruelles vagues, nous repenserons au contraire aux monuments qu'ils ont contribué à bâtir.





Énormément de sorties en 2016 pour la production japonaise. Dans cette cascade de parutions, beaucoup de nullités, quelques bonnes surprises, et une pincée de réussites incontestables. Si les séries fleuves poursuivent leur rythme de parution avec des hauts et des bas, quelques nouveautés (ou rééditions) tirent leur épingle du jeu.

5) Inio Asano : Dead Dead Demon's Dededededestruction


Un titre à rallonge qui attire l'oeil, des planches de toute beauté, et nous retrouvons Asano là où nous l'avons laissé : en plein milieu de ses chroniques sur une adolescence japonaise, perdue dans un pays tout en contradiction qui ne semble plus lui-même savoir où aller. C'est juste, beau et terrifiant à la fois, le mangaka prétextant ici une invasion alien qui se prête des airs d'épée de Damoclès, un prétexte pour décrire le quotidien sans avenir d'une jeunesse qui ne sait plus vraiment si elle vit ou si elle survit.

4) Taiyou Matsumoto : Sunny


Dans ce récit en partie autobiographique, Taiyou Matsumoto décrit ses années passées à l'orphelinat. Son trait si caractéristique convoque un onirisme très approprié, qui sied à merveille lorsqu'il s'agit de donner vie à des personnages à fleur de peau, perdus entre espoir et tristesse, qui s'inventent chaque jour un monde meilleur pour échapper à la réalité. Tous se réunissent dans la carcasse d'une vieille voiture, la Sunny, qu'ils s'imaginent alors conduire le long de routes infinies, le long d'une plage sans nom, vers une destination évanescente qui disparaît lorsqu'enfin ils en atteignent la périphérie. Une belle métaphore sur le fait de grandir et de voir s'envoler les rêves qui, enfants, construisaient nos lendemains.

3) Tsugumi Ōba et Takeshi Obata : Platinum End


Le célèbre duo à l'origine de Death Note revient pour un thriller aux accents divins qui va une nouvelle fois sonder l'esprit de l'Homme dans tout ce que celui-ci a de plus pur ou au contraire de plus déviant. Les bases sont posées, à coups de règles bien établies, et le jeu pour la survie s'organise alors pour notre héros qui n'a rien à perdre. C'est très joli, plutôt ingénieux, mais l'ombre de Death Note est un peu trop présente pour en faire l'incontournable tant attendu. Nous verrons dans quelques mois où le duo veut en venir, même si Platinum End reste tout à fait satisfaisant pour le moment, notamment grâce à une galerie de personnages attachants, mais aussi et surtout une perversité dans des affrontements délicats et meurtriers, basés sur la réflexion et l'anticipation.

2) Hirohiko Araki : JoJolion



La huitième saison de JoJo's Bizarre Adventure s'annonce excellente. Le dessin est toujours incroyable, les idées de mise en scène fusent dans tous les sens, et les joutes entre les personnages semblent miser davantage sur la vivacité d'esprit et l'intelligence. Le scénario s'annonce complètement perché, abusant de mystères et autres sous-intrigues improbables, ce qui promet de nombreuses découvertes et surtout une imprévisibilité totale des événements. Si la suite est aussi intense que les premiers tomes, autant dire que nous tenons là l'une des meilleures saisons de la saga.

1) Yukito Kishiro : GUNNM


Le retour d'une série culte depuis longtemps introuvable dans les librairies françaises.
Un indispensable.








Blablabla, les comics c'est que des BD de mecs en collants qui mettent leurs slips par dessus leurs pantalons, blablabla, ça ne vaut pas de la vraie littérature, blablabla. Laissons les pauvres d'esprit sur le bord de la route, et partons à la découverte de bouquins aussi novateurs qu'effroyablement efficaces.

6) Joe Hill et Gabriel Rodriguez : Locke and Key


Je triche, mais c'est pour la bonne cause. Je rajoute une entrée dans ce bilan pour faire honneur à cette réédition de l'une des meilleures séries horrifiques de tous les temps, Locke and Key, signée Joe Hill, le fiston de Stephen King. Je n'en dirai pas plus dans ces lignes, car un dossier est en préparation, mais Joe Hill exploite l'héritage de son père de la meilleure des façons, en mixant les thématiques du King à une écriture démente novatrice, bardée d'idées virtuoses. Je recommande, encore et encore, surtout que la saga a été rééditée dans une luxueuse édition en trois tomes, à ne pas rater.

5) Fred van Lente et dessinateurs divers : Archer et Armstrong



Alors là, si je m'attendais. Voilà qu'en 2016 sortent de nulle part les petits gars de chez Bliss Comics, qui se proposent d'éditer en France les parutions de l'univers Valiant (USA). Outre quelques séries de qualité, ces mêmes p'tits gars se décident à commercialiser d'immenses intégrales dédiées à des séries achevées ou bien entamées. Dans le lot, Archer et Armstrong. C'est ainsi que débarque cet immense pavé de 800 pages, contenant l'intégralité de la saga la plus déjantée et friendly de son éditeur. C'est frais, marrant et parfois dramatique, c'est fun et plus profond que ça en a l'air, c'est Archer et Armstrong, et c'est un incontournable.

4) Warren Ellis et John Cassaday : Planetary



Planetary en français, Urban Comics l'a fait. Tout a déjà été dit sur l'oeuvre phare de Warren Ellis, c'est un incontournable qui brasse plusieurs décennies d'un imaginaire collectif en constante expansion. C'est intelligent, brillamment dessiné et pertinent, bref, ce doit être rangé dans toute bonne bibliothèque qui se respecte.

3) Marjorie Liu et Sana Takeda : Monstress



Ce récit sombre et mystique, mis en image à la perfection grâce à un style inimitable, embarque le lecteur dans un voyage sans retour, peuplé de chats bavards, d'entités immortelles et de personnages charismatiques. Plus encore, c'est l'univers cohérent et complexe créé par Marjorie Liu qui fascine, un univers avec ses peuples brisés, ses rouages, ses mythes et ses règles. L'histoire est ample, elle fascine par sa noirceur qui ne laisse que peu de place à l'espoir, mais pourtant, une fois plongé entre les pages de Monstress, le lecteur ne peut succomber face à l'épique fresque que dévoilent Liu et Takeda. A découvrir en français début 2017.

2) Jonathan Hickman et Tomm Coker : The Black Monday Murders




Mêler le polar et le fantastique au milieu de la finance, voilà ce que nous réserve Jonathan Hickman à travers ce scénario improbable délié d'une main de maître tout au long de quatre numéros éprouvants. L'atmosphère est pesante, alterne les phases d'enquête réalistes à d'autres séquences cauchemardesques issues de l'imaginaire collectif horrifique que les artistes exploitent à leur sauce. Tout y passe, du vampirisme au langage incompréhensible, en passant par l'horreur pure et la possession. Enfin, en liant tout cet aspect fantastique à la finance, Hickman dévoile une réflexion terrifiante, confondant pouvoir, argent et sang, le tout à travers une fresque générationnelle dont les tenants et aboutissants peinent encore à surgir. Alors que son autre série East of West continue son chemin et s'approche d'un final apocalyptique, le scénariste place les pions d'une nouvelle épopée qui se veut tout aussi grandiloquente, bien que totalement différente. Certains appellent ça le talent. La série n'est toujours pas prévue en français.

1) Rick Remender : Black Science, Deadly Class, Tokyo Ghost et Seven to Eternity


Pour moi, le scénariste remporte à nouveau la mise en 2016 grâce à une production constante de qualité.
Black Science : le voyage entre les mondes se poursuit pour Grant qui tente de retrouver ses enfants éparpillés aux quatre coins du multivers. C'est toujours inventif, diablement beau, les thèmes abordés sont d'une justesse affolante, et la dramaturgie place la série parmi les meilleures productions de l'auteur. Fear Agent n'est pas loin, et tant mieux.
Deadly Class : cette année, Remender nous a offert le twist le plus brutal et culotté du média. La mise en scène est toujours aussi explosive, le jeu sur les couleurs flatte la rétine à chaque page, et les personnages prennent une épaisseur insoupçonnée. C'est bien simple, Marcus et sa bande font partie de la famille désormais, et je ne veux plus vivre dans un monde où Deadly Class n'existerait pas.
Tokyo Ghost : cette brute de talent qu'est Sean Murphy rejoint Remender pour mettre en images, de la plus belle des façons, la course poursuite d'un couple qui s'aime par-delà les différences, à travers un monde corrompu par le buzz, le sang et le pouvoir. La technologie face à la beauté de la nature, une thématique simpliste mais traitée avec un sérieux qui fait plaisir à voir, en ces temps où le cynisme gangrène notre quotidien avec une aisance folle.
Seven to Eternity : cette fois, Remender retrouve son compère de Fear Agent et plonge complètement dans la fantasy la plus pure. En tissant un univers aux créatures impossibles, en inventant des concepts aussi farfelus que forts et percutants, le duo d'artiste se prépare à retranscrire une épopée qui risque bien de laisser son empreinte dans l'histoire des comics américains. C'est fluide et intelligent, le récit parle d'amour, de sacrifice et d'honneur, à travers des personnages qui s'éloignent drastiquement des canons les plus banals, sans oublier la magnificence des planches de Jérôme Opeña qui rend ici l'un de ses travaux les plus aboutis.










5) Quentin Tarantino : The Hateful Eight



Ou la naissance de l'Amérique moderne à travers un huis-clos éprouvant, enveloppé d'une paranoïa excessive propice aux débordements les plus violents. L'ami Quentin revient avec un huitième opus maîtrisé, pensé comme une pièce de théâtre malsaine dans laquelle chaque acteur se dissimule derrière un masque de rancœur. La mise en scène appuyée offre à ces personnages une scène apte aux rebondissements les plus imprévisibles, orchestrés autour de gimmicks parfois humoristiques, parfois bien plus sérieux, mais toujours efficaces. Les dialogues, ciselés, et la bande-son de Morricone achèvent de faire de The Hateful Eight une réussite monstrueuse, un objet de cinéma aussi hypnotique que franchement culotté.

4) Nicolas Winding Refn : The Neon Demon



Le film qui a divisé la sphère web en deux. Qu'il abandonne nonchalamment les derniers fans du réalisateur sur le bord de la route, ou qu'il les embarque pour un trip sensitif extrême, le dernier effort de NWR ne laisse pas indifférent. Relecture moderne et facile du mythe du vampirisme, étudié sous le prisme de la mode et des apparences, The Neon Demon délie au maximum sa narration pour proposer davantage une suite de scènes visuelles interconnectées qu'un véritable récit au sens strict du terme. Une bande-son électronique envoûtante habille des images léchées, traversées par un casting impliqué mais fantomatique. Comme si Vogue se mettait en mouvement, The Neon Demon exporte sur l'écran l'un des maux de ce siècle, et offre une expérience aussi originale que sans concession.

3) Mamoru Hosoda : Le Garçon et la Bête


Dernier effort du talentueux Mamoru Hosoda, ce dessin-animé à priori inoffensif dissimule une fable épatante, sorte de synthèse entre la magie d'un Hayao Miyazaki qui croiserait les errements spirituels d'un Makoto Shinkai. Le Garçon et la Bête est un récit qui s'étale sur plusieurs années et s'intéresse à la notion de transmission, à l'héritage que laisse les morts aux vivants. En raconter davantage gâcherait fortement la découverte du film, qu'il vaut mieux découvrir vierge de toute information. L'expérience est totale, sublimée par une bande-son de folie, mystique, lyrique et parfois guerrière, tandis que des décors absolument hallucinants portent l'action avec une aisance qui force le respect. Le cinéma délivre quelques fois des classiques instantanés, Le Garçon et la Bête en est un, et il faudra compter sur Mamoru Hosoda pour aiguiller l'animation japonaise dans les années à venir.

2) Travis Knight : Kubo and the two strings


L'aboutissement, voilà ce qu'incarne Kubo. L'aboutissement créatif pour le Studio Laika qui délivre ici un récit d'une rare finesse sur le deuil, d'une beauté transcendante. Présenté comme un récit initiatique aux inspirations asiatiques, le long-métrage tranche complètement avec le reste de la production grâce à une tonalité sombre et dramatique, ainsi qu'une emphase constante sur le sacrifice et la disparition. Dernier survivant d'une famille déchirée, le jeune Kubo va voyager et affronter des dangers aussi retors qu'originaux, traversant des décors divins animés avec une précision d'horloger, tandis qu'en toile de fond se délie toute une réflexion sur la mort et le pouvoir des histoires. Voire la nécessité de se raconter des histoires. Une perle.

1) Na Hong-jin : The Wailing


Sorti chez nous sous le titre The Strangers, la dernière péloche du coréen Na Hong-jin est une fresque sur le Mal, sous toutes ses formes. Des névroses qui se cachent en chacun, de la peur de l'autre, jusqu'au mal absolu, The Strangers est un labyrinthe moral aussi intense que fantastique, à ne pas mettre entre toutes les mains, qui distille une noirceur absolue, où chaque seconde qui passe absorbe un peu plus les dernières étincelles de lumière et d'espoir.
Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder à l'analyse du film, gare aux spoilers :
http://lestoilesnoires.blogspot.fr/2015/08/the-wailing.html

Citons aussi quelques pépites qui méritent la découverte, comme l'incroyable Mademoiselle, du sulfureux Park Chan-wook, qui déploie ici ce qui est peut-être son meilleur film depuis Old Boy. Le retour de Mel Gibson sous la casquette de metteur en scène se fait dans le sang et les larmes, avec cet immense plaidoyer anti-guerre qu'est Tu ne tueras point, une claque magistrale qui n'égale cependant pas Apocalypto. High Rise, de Ben Weathley, casse gueule et hypnotique, ne séduira pas le grand public : il reste pourtant l'un des long-métrages les plus sensoriels de 2016. N'oublions pas les inédits que sont The Age of Shadows ou I am a hero, respectivement un film historique du prodige Kim Jee-woon et une péloche de zombies, deux mandales en provenance d'Asie.











5) Ori and the blind forest


Oui, techniquement le jeu date de 2015. Mais 2016 a vu cette pépite commercialisée dans une version physique et complète bardée de bonus. L'occasion idéale pour (re)plonger dans cet univers féerique au gameplay exigeant, enveloppé d'une bande-son parmi les plus magnifiques jamais composées. Les graphismes splendides et l'animation détaillée donnent vie à un jeu formidable, où la narration épurée trouve une place toute particulière. Les différentes séquences s'enchaînent à un rythme affolant, alternant entre des phases contemplatives immersives, des scènes narratives qui feront fondre vos cœurs, ou des phases de fuite éreintantes qui au contraire le feront palpiter plus que jamais. En plus d'être un vrai jeu vidéo, avec une courbe d'apprentissage bien dosée, Ori offre un esthétisme savoureux, à la direction artistique sublimée par des panoramas irréels dans lesquels se perdre n'est jamais source d'ennui.

4) Shadow Tactics


Commando au Japon. Ces quelques mots devraient vous faire quitter cette page et foncer acheter ce jeu immédiatement. Pour les réfractaires, sachez que le jeu offre un vrai challenge grâce à un gameplay aux petits oignons mis à l'épreuve par un level design hallucinant d'inventivité. Cerise sur le gâteau, la direction artistique est sublime et la bande-son d'une efficacité redoutable.

3) Dragon Quest VII / Dragon Quest Builders



En attendant l'arrivée d'un onzième opus qui s'annonce dément, les fans de Dragon Quest furent gâtés en 2016 grâce à l'arrivée de deux épisodes différents, mais excellents. Dragon Quest VII : La quête des vestiges du monde, est un chapitre fantastique, doté d'une narration exemplaire, qui s'impose sans mal parmi les meilleurs opus de la saga principale. Rythmé, enchanteur et épique, cet épisode porte les couleurs du jeu de rôle japonais traditionnel avec fierté, tant il s'avère abouti sur tous les points. Une traduction française de qualité s'invite de plus à la fête, faisant de ce Dragon Quest VII un incontournable.
De son côté, Dragon Quest Builders célèbre avec panache l'anniversaire de la saga. Sorte de Minecraft dopé aux codes du RPG, Builders est une réussite totale: varié et très long, le jeu est une ode à la création. Rempli d'un contenu affolant (bestiaire, composants, recettes, équipement, possibilités de construction, quêtes, etc), le jeu offre une expérience nouvelle et attachante. Un ravissement de chaque instant, porté par une bande-son évocatrice et une maniabilité quasi irréprochable.

2) Dishonored 2


Le premier épisode avait défriché le terrain, mais ce second opus lui colle une fessée colossale. Plus ouvert, plus étudié, plus permissif, plus ludique, plus beau, plus tout. Un level design de folie furieuse offre au joueurs des heures et des heures d'infiltration, tant les approches sont multiples. C'est foisonnant, dense et éclatant, c'est du jeu vidéo à l'état brut, profitant du média comme rarement d'autres le font. Entre les structures architecturales évolutives et mobiles, les niveaux qui se déroulent sous deux trames temporelles en parallèle, les quartiers ouverts bardés de découvertes et les objectifs annexes, le joueur ne peut que se perdre dans ce monde insensé propice aux escapades les plus folles.

1) Final Fantasy XV


Conspuées ou vénérées, c'est à ça que l'on reconnaît les œuvres marquantes. Final Fantasy XV en est incontestablement une. Profondément humain et tragique, le jeu surprend autant qu'il ensorcelle. Proposant un contenu absolument immense, servi par un univers cohérent et des personnages attachants, l'aventure qu'offre le jeu est un voyage fantastique où le réalisme côtoie l'impossible.











Beaucoup de confirmations et de nouvelles sorties intéressantes cette année, ainsi que quelques nouveautés qui furent diffusées en grande pompe. Je pense bien sûr aux pétards mouillés que sont Westworld (encore une série qui étire son intrigue jusqu'à plus soif à travers des épisodes qui, s'ils brillent techniquement, restent d'une banalité confondante en terme de narration) ou, pire encore, Stranger Things (qui parvient à faire absolument TOUT ce qu'une série doit éviter). Quelques très bonnes sorties rattrapent tout ça, de Vice Principals (hilarant) à Ash vs Evil Dead (déjà culte pour sa scène de la morgue absolument ignoblement drôle - oui, ils ont diffusé ça à la télévision), tout comme d'autres productions continuent leur bonhomme de chemin avec une rigueur qui fait plaisir à voir (The man in the high castle, excellent, mais à qui il manque encore un petit quelque chose pour figurer au panthéon des meilleures séries télévisées de l'année). Citons l'absence remarquée de Doctor Who, qui ne surgit cette année qu'au détour d'un unique épisode de Noël, très distrayant, faisant un pied-de-nez à l'invasion des univers comics sur les grands écrans. Bref, inutile de faire durer le suspense plus longtemps, vos nerfs n'en peuvent déjà plus, ainsi, place aux heureux élus.


5) American Horror Story : My Roanoke Nightmare


Nouveau changement de cap pour la bande d'American Horror Story qui cette fois rend hommage aux found footage. En mélangeant une nouvelle fois plusieurs inspirations, du Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974) aux films de fantômes asiatiques, My Roanoke Nightmare propose une plongée dans la folie qui ne cessera d'interroger les limites du média. C'est malin, brillament écrit, les acteurs s'éclatent, et malgré une censure toujours incompréhensible, certaines scènes frôlent l'inavouable. Un seul regret : l'absence de générique.


4) Crazy Ex-Girlfriend


Une confirmation, avec un début de seconde saison qui poursuit les expérimentations entamées par les premiers épisodes. Comédie musicale à la réalisation inventive, peuplée de personnages immédiatement attachants menés par une actrice principale absolument cinglée, cette petite pépite d'une originalité folle est une ode à la bonne humeur et à la rigolade. Les chansons, le cœur du spectacle, sont toutes absolument fantastiques, enrôbées d'un humour parfois délicieusement cynique, parfois simplement trash. Névrosée et hilarante, Crazy Ex-Girlfriend est une série d'utilité publique !


3) BrainDead


Mélanger une série politique et d'invasion alien ? Ils l'ont fait. Bien entendu, le public n'a pas suivi, et la série est déjà annulée, après une première saison satirique d'un cynisme absolu. L'écriture des dialogues et des situations est renversante, accentuée par des acteurs totalement investis. BrainDead alterne les tons avec une aisance rare, sans jamais oublier son propos qui brasse plusieurs thématiques contemporaines variées. La réalisation à première vue relativement sobre cache quelques éclats (répétition, montage, oppositions, etc) qui confèrent à la série une ambiance particulièrement intéressante, entre paranoïa et déconnexion totale par rapport à la réalité. Un projet enterré qui aurait mérité de briller davantage.


2) The Night of


Davantage une série sur le système judiciaire américains, ses contrastes et ses failles, à travers l'étude d'un sordide fait divers. Porté par un casting brillant, la série s'attarde sur la complexité de l'être humain, son imperfection et le masque qu'il porte en société. Ciselé avec une rigueur époustouflante, le scénario se tortille dans tous les sens, achevant de tisser une toile faite de révélations improbables et de surprises terrifiantes. The Night of s'offre en plus un aspect ludique qui ne peut que maintenir le spectateur en haleine tandis qu'il prend part de manière active à cette enquête qui ne cesse de s'étirer. Les acquis volent en éclat à mesure que la rumeur enfle et détruit peu à peu les personnages liés de près ou de loin à cette affaire. Un spectacle urbain dont la maîtrise rappelle les plus belles heures de Breaking Bad.


1) Dirk Gently's Holistic Detective Agency


Cette énième série produite par le réseau Netflix adapte de la plus belle des manières l'univers créé par Douglas Adams, principalement connu pour son Guide du voyageur galactique. Cette première saison de huit épisodes développe un univers aux confins de l'absurde, peuplé de personnages tous plus impossibles les uns que les autres. L'humour et l'absurdité des séquences ne versent cependant jamais dans la gratuité, leur justification s'avère narrative et chaque élément décalé, chaque retournement de situation improbable sert l'histoire. Le montage au poil et la bande-son électronique offrent à la série d'autres atouts de taille, qui mettent en valeur un scénario ciselé au millimètre malgré son abracadabrantesque somme de bizarreries. Des acteurs possédées achèvent de faire de Dirk Gently une réussite incontestable, sur tous les niveaux.

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