Bilan 2013

2013 fut une année particulièrement chargée au niveau des sorties culturelles, les bonnes surprises ont, comme tous les ans, côtoyé les déceptions. Faire le tri parmi toutes les découvertes de l'an passé constitue toujours une tâche complexe, de par le caractère forcément non exhaustif de la démarche. Cependant, nous nous prêtons volontiers au jeu et allons tenter, via ces modestes lignes, de partager les œuvres qui ont su nous faire voyager.

Cinéma


05) Man of Steel
Réalisé par Zack Snyder

En ces temps de cinéma super-héroïque, le réalisateur Zack Snyder apporte une réponse définitive à la question suivante: comment représenter la puissance et les tourments qui habitent les surhommes issus de la culture des comics américains ? Zack Snyder est bien LE réalisateur capable d'iconiser de la sorte l'homme d'acier, tout comme Henry Cavill semble né pour incarner Superman. Le film combine une direction artistique osée à une narration déstructurée efficace. Les scènes à la photographique naturaliste côtoient des séquences d'action épiques, jamais vues ailleurs. Le réalisateur sublime la violence, via une démesure inimaginable. Le combat à Smallville et le duel final font partie des joutes les plus impressionnantes découvertes sur un écran de cinéma. De plus, le film est une vraie mine d'or pour tout fan de l'univers DC, étant donné que de multiples références sont dissimulées tout au long du métrage (les logos des sociétés de Bruce Wayne ou Lex Luthor, une allusion à Watchmen, etc...). Réussi artistiquement, via un visuel et une bande-son soignés, et exemplaire au niveau de la narration, Man of Steel redéfinit avec une facilité déconcertante les standards du film de super-héros.


04) The World's End
Réalisé par Edgar Wright

Idiotement renommé Le Dernier Pub avant la Fin du Monde en France, The World's End vient conclure la blood and ice cream trilogy avec brio. Après un Shaun of the Dead salvateur et un Hot Fuzz étourdissant, qui revisitaient avec brio les films de zombies et les films policiers, le metteur en scène Edgar Wright signe ici un hommage fulgurant aux films d'invasions extraterrestres. Fantastique fable sur le passage à l'âge adulte, The World's End n'est pas qu'un film intimiste, il sait aussi être généreux et ludique. Généreux dans son humour, souvent percutant, mais aussi dans sa mise en scène, sublimée. Et ludique, parce qu'il est toujours intéressant de mettre en parallèle les noms de tous les pubs traversés avec les événements qui s'y déroulent. Enfin, la conclusion du métrage, en plus d'être jusqu'au-boutiste, dégage une mélancolie et une nostalgie bienvenues.


03) Journey to the West: Conquering the Demons
Réalisé par Stephen Chow

Le cinéma chinois est un cinéma extrêmement généreux, qui peut se permettre tous les excès. Au milieu de cette industrie, le réalisateur Stephen Chow est peut-être l'un des plus incontournables. Disparu de la scène depuis la sortie de l'agréable (mais pas essentiel) CJ7, en 2008, le metteur en scène revient aux affaires avec un film d'une réussite totale. Première partie d'un diptyque qui promet d'être démentiel, Conquering the Demons est une ode à l'imagination et l'aventure. Combats surréalistes et imaginatifs se mêlent à un humour très théâtral, basé sur le comique de situation, ainsi qu'à une histoire sentimentale touchante, car bien loin des clichés du genre. La variété des situations dynamise un récit très bien rythmé, récit qui offre régulièrement des plans magnifiques et bouleversants. A ce titre, le combat final met en scène un Bouddha plus grand qu'une planète entière. Mais parmi ces délires visuels impressionnants et cet humour absurde hilarant, se dissimule aussi une violence terrible. Le film s'ouvre d'ailleurs sur la mort d'une enfant, et cette perte ne sera pas la dernière, certaines étant terriblement tragiques. Maniant avec une maîtrise folle les ruptures de ton, Journey to the West: Conquering the Demons possède aussi une bande-son fabuleuse, ainsi que des personnages forts et attachants. Comme déjà évoqué dans l'introduction: une réussite totale.


02) Le Hobbit: La Désolation de Smaug
Réalisé par Peter Jackson

Tenir la place de l'épisode de transition au cœur d'une trilogie n'est jamais chose aisée. En son temps, Les Deux Tours avait réussi le pari, malgré quelques faiblesses. La Désolation de Smaug, de son côté, surclasse aisément Un Voyage Inattendu. Le récit est mieux rythmé que dans le premier opus, bien que quelques coupes voyantes viennent entacher cette version courte. Nul doute que la version longue viendra consolider les bases déjà solides de ce chapitre. En l'état, La Désolation de Smaug brille par le parcours de ses personnages, leurs interactions, mais aussi par la mise en scène et le parti pris visuel de l'œuvre. Les ambiances sont travaillées avec malice, les lumières, les décors et les effets spéciaux donnent vie à un univers qui semble de plus en plus crédible. Les séquences d'anthologie s'enchaînent sans jamais faillir, qu'il s'agisse du passage dans les Bois de Mirkwood, au cœur desquels Peter Jackson développe une paranoïa et une folie terrifiantes, ou bien de la fameuse scène de fuite, en tonneaux. Ce passage démontre tout le talent du réalisateur, qui fait voler sa caméra avec une aisance honteuse. Travelling aérien qui vient se poser sur les remous d'une rivière, plan séquence affolant de maîtrise, montage audacieux, autant d'éléments qui permettent au réalisateur de nous prouver son talent. Enfin, tout le chapitre consacré à Smaug rayonne de noirceur et d'audace. La construction narrative prépare un final déconcertant et frustrant, tandis que la créature est sublimée à chaque plan. L'attente du dernier chapitre va être très longue, mais en l'état, La Désolation de Smaug est l'un des meilleurs épisodes de la saga de Jackson et Tolkien.


01) Cloud Atlas
Réalisé par les Andy et Lana Wachowski, et Tom Tykwer

Les Wachowski sont maudits. Mais ça ne les empêche pas de donner vie à l'un des plus beaux films de tous les temps. Film exigeant, via sa narration explosée ainsi que ses nombreuses thématiques, Cloud Atlas reste cependant d'une évidence rare, il ne s'engonce pas dans une complexité malvenue comme l'ont affirmé des critiques peu investis. Véritable diamant de mise en scène, via son montage en avance sur son temps, son esthétique fabuleuse ou sa bande sonore envoûtante, le film se complaît à dévoiler les mêmes motifs, encore et encore, séparés par l'espace et le temps. D'un ludisme effroyable, d'une pudeur et d'une pureté touchantes, Cloud Atlas ne tend pas à révolutionner quoi que ce soit. Il n'apporte aucune réponse, il se présente juste comme un miroir, un miroir de nos rêves et illusions, un miroir de ce que nous sommes. A l'image de la vie, le film est parfois lumineux ou sombre, cru ou cocasse, il nous parle d'espoirs, de buts, de croyance et d'Amour.

Mais aussi:
- Pacific Rim
- Gravity
- Young Detective Dee: Rise of the Sea Dragon
- Maniac
- Django Unchained

Le coup de coeur:
The Wolf of Wall Street


Jeux vidéo


05) Deadly Premonition: Director's Cut
Réalisé par Access Games

Le jeu de toutes les contradictions. Le concept du jeu, absolument abyssal, croise ici une réalisation d'un autre temps. Il sera laborieux d'arpenter les rues de la ville de Greenvale, mais le jeu en vaut la chandelle. Le monde ouvert vertigineux, qu'il est possible de visiter intégralement, propose une cohérence époustouflante. Sorte de Twin Peaks encore plus psychédélique, Greenvale propose au joueur de découvrir ses lieux et ses habitants d'une façon jamais vue encore. La trame du jeu, une enquête, ne demande qu'à être chamboulée par le joueur, ce dernier pouvant (et devant) s'en écarter afin de mener ses propres investigations. Chaque habitant de la ville possède sa demeure, ses habitudes, son emploi du temps, il est possible de les suivre et de les espionner à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. La liberté est totale, ce qui permet au scénario machiavélique du jeu de se dévoiler peu à peu, dans toute sa folie. Jeu schizophrène, la version Director's Cut de Deadly Premonition est une œuvre atypique, difficile à aborder, mais qui offre tellement de choses pour peu qu'on s'y investisse.


04) BioShock: Infinite
Réalisé par Irrational Games

Porté par l'un des couples les plus réussis de cette génération de jeux vidéo, la troisième itération de BioShock chamboule tous les codes de la série pour mieux la renouveler. Finie la solitude propre aux deux premiers épisodes, Infinite propose au joueur de se battre pour une femme, de l'accompagner dans ses choix, au travers d'une cité suspendue aussi magnifique que terrifiante. Jouissant d'une direction artistique somptueuse, développant une architecture irréelle, la cité de Columbia promet un dépaysement total. De plus, le scénario du jeu opère plusieurs virages insoupçonnés, se permettant une portée métaphysique mise en scène de manière admirable. En plus de proposer une histoire solide et bien contée, Infinite se permet une réflexion sur les jeux vidéo et les infinies possibilités qui animent ce média. Le jeu dénote aussi par l'alliance saugrenue qu'il instaure entre le dépaysement et l'horreur, la liberté et le confinement, tout en donnant vie à des personnages mémorables, que ce soit scénaristiquement (les Lutèce), ou artistiquement (les différents ennemis). Très bon sur la forme et sur le fond, BioShock: Infinite s'impose sans mal comme le meilleur opus de la saga.


03) The Last of Us
Réalisé par Naughty Dog

Nous parlions de couple réussi, en citant précédemment BioShock, mais celui de The Last of Us est, lui aussi, d'un réalisme effrayant. Délaissant quelques temps sa franchise culte Uncharted, le studio Naughty Dog réalise un jeu de survie palpitant et viscéral, un road game à travers les USA, au gré des dangers et des saisons. Agrémenté d'un level-design sans cesse renouvelé et d'une réalisation exemplaire, The Last of Us redéfinit les notions de stress et de violence. Ici, les humains sont aussi, voire plus, dangereux que les infectés, tandis que le spectaculaire est mis de côté au profit du développement des personnages. Les claques se cachent ici dans les décors naturalistes et ravagés d'une Amérique gangrenée, ainsi que dans les angoissantes phases de survie. Pessimiste et désenchanté, le jeu l'est assurément, mais il n'en est pas moins une réussite incontournable de cette génération de consoles.


02) Luigi's Mansion 2
Réalisé par Nintendo

Le premier épisode, paru sur GameCube, constituait une claque sans précédent, révélant l'aspect héroïque du frère du plombier le plus connu. Mêlant habilement exploration et combats, Luigi's Mansion premier du nom incarnait la renaissance d'un personnage jusqu'ici souvent mis de côté. Luigi's Mansion 2, sur Nintendo 3DS, prolonge l'expérience. Le jeu est une version XXL du précédent. Les lieux sont beaucoup plus nombreux et variés, les astuces de game-design pullulent, et les secrets se comptent par centaines. C'est bien simple, chaque pièce de chaque manoir comporte au moins une idée originale. Les passages secrets sont légion, et la durée de vie colossale. Une réalisation impeccable vient donner vie à cet univers improbable, tant les décors sont détaillés et fouillés, tandis que l'animation est absolument ahurissante. Luigi's Mansion 2 est un jeu vidéo, un vrai, qui ne cherche pas à en mettre plein les yeux, mais tout simplement à divertir et amuser. De plus, il le fait avec tant de brio, que passer à côté de ce titre serait une honte pour tout amoureux des jeux vidéo.


01) Ace Attorney: Phoenix Wright - Dual Destinies
Réalisé par Capcom

Dual Destinies a accompli ce que je croyais impossible: égaler la perfection narrative de Trials and Tribulations. Il faut dire que ce dernier avait un avantage certain: il bénéficiait de deux épisodes, sortis avant lui, permettant un considérable développement de la mythologie du jeu. Dual Destinies, lui, fait un peu office de "reboot" non officiel. Nouvelles intrigues, nouveaux personnages, anciens protagonistes principaux absents... Et pourtant, le travail effectué sur les dialogues, la narration, les personnages et les intrigues, permet à cet opus de se transcender et de fournir une œuvre incomparable. Tout sonne juste dans Dual Destinies, les retournements de situation sont tellement énormes, et le déroulement des intrigues est si imprévisible, que chaque nouvelle enquête possède son lot de scènes cultes. Pour donner vie à cet univers, les personnages mis en avant ici possèdent des personnalités travaillées, et arrivent à être proches du joueur. L'implication émotionnelle, savamment mise en place tout au long du jeu, permet de construire un épilogue d'une intensité et d'une justesse rares. Ah, et la bande-son est une merveille absolue. Ace Attorney, l'un des univers les plus aptes à faire rêver.

Mais aussi:
- Tomb Raider
- Bravely Default
- Grand Theft Auto V
- Beyond: Two Souls
- The Legend of Zelda: A Link between Worlds

Le coup de coeur:
Persona 4 : Golden
(Un jeu qui serait apparu dans le classement, mais classé à part car il s'agit d'un portage)


Séries


05) Banshee
Créé par Jonathan Tropper et David Schikler

Les créateurs de la série True Blood reviennent aux affaires avec Banshee, série qui tient son nom de la ville dans laquelle va se dérouler l'ensemble de l'intrigue. Banshee est une pure série d'exploitation, une déclinaison moderne de Spartacus, dans tout ce que cette comparaison a d'élogieux. La série cherche constamment à divertir, en étalant une intrigue basique de vengeance, et en établissant une galerie de personnages tous aussi mémorables les uns que les autres. A chaque épisode son lot de violence et de castagne, agrémentées de dérives scénaristiques déviantes bienvenues. Si voir un ex-taulard se faire passer pour le nouveau shérif d'une ville à la dérive, et capable d'arrêter un champion de boxe déviant à coups de poings dans le visage (et autres coups bas) devant une salle comble de monde ne vous fait pas peur, c'est vers Banshee qu'il faut se tourner. Une série qui ne vole pas bien haut, mais très efficace.


04) Hannibal
Créé par Brian Fuller

La nouvelle série de Brian Fuller est tout simplement excellente. Hannibal propose une mise à jour contemporaine de l'intrigue imaginée par Thomas Harris en 1981. L'apport de Fuller, déjà à l'oeuvre sur des oeuvres comme Pushing Daisies ou Dead Like Me, est avant tout esthétique. La série est d'une beauté irréelle, les décors travaillés sont mis en avant par une mise en scène classieuse, tandis que les différents meurtres restent, malgré eux, magnifiques. Extrêmement malsaine, la série dégage une étrange fascination pour cet univers macabre. Que ce soit le fameux assassinat durant lequel la victime voit ses cordes vocales exhibées à l'air libre, de manière à ce que l'assassin mélomane puisse jouer de l'homme tel d'un instrument, ou bien des anges, victimes à la peau du dos arrachée et figée en forme d'ailes, tout dans Hannibal renvoie à la terrifiante beauté de ces actes barbares. Heureusement, le scénario tient lui aussi la route, comportant son lot de scènes chocs et de révélations, tandis que le monolithique mais néanmoins sublime Mads Mikkelsen incarne un Hannibal Lecter d'une classe folle. 


03) American Horror Story: Coven
Créé par Ryan Murphy et Brad Falchuk

Troisième saison de la série créée par les anciens de Nip / Tuck, Coven prolonge un concept qui jusqu'ici fonctionne à merveille. Chaque saison emploie les même acteurs, qui jouent de nouveaux personnages au coeur d'histoires qui n'ont rien à voir avec celles des autres saisons. Cette troisième itération met à l'honneur sorcières et magie noire, guerres racistes et vaudou, adolescents en quête d'identité et Enfers éternels. A la fois comique et gore, Coven fait preuve d'une générosité à toute épreuve, tous les clichés du genre passant à la moulinette, de manière à construire une intrigue en perpétuelle évolution. Bien que la saison deux, Asylum, me plaise davantage (normal, quand ça parle de possessions démoniaques, d'extraterrestres et d'asile de fous), Coven s'en tire avec tous les honneurs, grâce à une narration qui frôle la perfection, une mise en scène d'une beauté froide, des personnages excellents et une bande-son formidable. Enfin, gros avantage: inutile de voir les saisons précédentes pour attaquer Coven.


02) Adventure Time
Créé par Pendleton Ward

Le coup de coeur de ces dernières années. Une oeuvre essentielle de la pop culture contemporaine. Cette série animée, qui débutait comme une banale série pour enfants, a bien vite montré l'étendue de son ambition et de son univers. Au fil des saisons se dessine un monde complexe et vivant, régi par des règles absurdes et peuplé par des personnages incontournables. D'une inventivité et d'un ludisme perpétuels, Adventure Time va toujours plus loin. L'humour est hilarant, les histoires sont hallucinantes, et au fil des épisodes se tisse une cohérence surprenante. Adventure Time parle de la fin de notre monde, des histoires sentimentales et des premières déceptions amoureuses, des souvenirs que l'on veut oublier, de mort et de rêves. De plus, chaque épisode regorge de références culturelles ou geeks, en plus d'éléments cachés à retrouver. L'humour côtoie la nostalgie, l'absurde flirte avec la mélancolie, et chaque épisode propose un voyage unique, qu'il soit totalement nonsensique ou, au contraire, d'une justesse effroyable.


01) Doctor Who
Scénarisé par Steven Moffat

Vous le découvrirez rapidement si vous revenez régulièrement sur Les Toiles Noires, mais je crois que Doctor Who est ce qui est arrivé de mieux à la télévision. Le concept de base, qui perdure depuis 1963, permet un renouvellement constant de l'intrigue et des personnages, tout en développant une mythologie interne absolument fascinante. Un personnage principal immortel, capable néanmoins de changer d'apparence et de personnalité, des ennemis récurrents implacables et une quête passionnante aux enjeux régulièrement renouvelés, autant d'éléments qui permettent au show de perdurer encore et encore. 2013 a marqué les cinquante ans de la série, un événement célébré de bien belle manière, via la fin de la Saison 7, magnifique, mais aussi grâce à un épisode anniversaire démentiel, élargissant le champ des possibles, ainsi qu'un épisode de Noël d'une réussite magistrale. Saluons la performance de Matt Smith, l'acteur qui prêtait ses traits au Onzième Docteur, pour son travail époustouflant, et souhaitons bonne chance à son successeur, Peter Capaldi, attendu en août 2014.

Mais aussi:
- Boardwalk Empire
- Kill la Kill
- Game of Thrones
- Breaking Bad
- How I Met Your Mother

Le coup de coeur:
Orphan Black 


Comics et Mangas


05) Billy Bat
Ecrit par Naoki Urasawa et co-écrit par Takashi Nagasaki

C'est bien clair, Naoki Urasawa est une brute pour ce qui est du découpage et du travail de l'ambiance. Être stressé en même temps que les personnages d'un manga, c'est possible. La technique de l'auteur, et son approche très cinématographique du manga, permet de donner vie à des thrillers parcourus par la tension et le suspense. Prolongeant son étude de la nature humaine, des différences et des frontières entre le Bien et le Mal, Urasawa dessine une fresque qui s'étale sur plusieurs continents et plusieurs siècles. Son récit, affublé de personnages crédibles et finalement proches de nous, verse dans ses thèmes de prédilection: la paranoïa, les conspirations, le mystère. Billy Bat est une oeuvre riche et difficile à appréhender qui, grâce à un travail d'investigation de la part de son auteur, se permet une relecture osée de l'Histoire mondiale et géopolitique. Profond et parfois étourdissant, Billy Bat représente la consécration de son auteur. Espérons un final qui reste de la même qualité.


04) Tony Chu
Scénarise par John Layman et dessiné par Rob Guillory

Ce n'est qu'en 2013 que j'ai découvert Tony Chu (ou Chew en VO), grâce à deux zigotos que je remercie encore au passage. Entamée en 2009, Tony Chu est une série de comics particulièrement borderline, qui se plaît à déraper au moindre virage. Volontairement glauque et tordu, mais tout de même noyé dans un humour salvateur, le récit se plaît à commettre tous les excès possibles. Rebondissements scénaristiques et personnages farfelus ponctuent l'histoire avec une certaine régularité, tandis qu'un fil rouge narratif s'esquisse doucement tout au long des épisodes. Agrémenté d'un dessin très vif et contemporain, Tony Chu se permet aussi des errements qui empruntent au registre du fantastique voire de la science-fiction, ce qui n'est pas pour nous déplaire. A découvrir de toute urgence.


03) Saga
Ecrit par Brian K. Vaughan et dessiné par Fiona Staples

Parfait mélange de fantasy et de SF, Saga dépeint un univers à mille années lumières du nôtre, de manière à mieux aborder des thèmes qui, paradoxalement, nous sont proches. Jouissant d'un dessin éthéré, privilégiant les ambiances aux détails, le récit rassemble une galerie de personnages, d'objets et de décors originaux, jamais vus ailleurs. Fusée spatiale végétale, chat détecteur de mensonges, sortilèges qui nécessitent de révéler nos plus intimes secrets pour fonctionner, baby-sitter fantôme, et des dizaines d'autres créations uniques qui viennent rythmer une histoire à base de guerre et d'amour. Fantastique voyage parmi les étoiles, Saga est une oeuvre atypique dans le paysage littéraire actuel.


02) One Piece
Ecrit et dessiné par Eiichiro Oda

Depuis 1997, Luffy et son équipage continuent leur périple palpitant. Eiichiro Oda, l'auteur de cette fresque incontournable, signe avec One Piece le récit d'aventure ultime. Se remettant toujours en question, détournant les codes du manga avec une aisance redoutable, Oda n'a rien fait de plus que de donner vie à un univers d'une richesse vertigineuse, peuplé de centaines de personnages aussi grotesques qu'emblématiques. Et force est de constater qu'en 2013, les arcs narratifs de qualité se succèdent avec toujours autant de grâce. Mais où s'arrêtera-t-il donc ?


01) Sandman
Ecrit par Neil Gaiman

La perfection faite littérature. Les éditions Urban Comics poursuivent la publication de ce chef-d'oeuvre absolu qu'est Sandman, et nous offrent en 2013 deux énormes pavés à dévorer sans attendre. Neil Gaiman signe avec Sandman un travail d'une complexité abyssale. Ou comment relier, en un seul récit, les différentes cultures, mythologies et légendes de l'ensemble de l'humanité, avec une maestria évidente. Shakespeare, Lucifer, Barbie et bien d'autres, illuminent par leur présence une histoire complexe s'employant à décrire l'existence des Infinis, dont Rêve (le Sandman), fait partie. Les mots sont bien peu de chose face à la magnificence de Sandman.

Mais aussi:
- La Grande Epopée de Picsou
- Sillage
- XIII
- JoJo's Bizarre Adventure: Steel Ball Run
- Grant Morrison présente Batman

Le coup de coeur:
Moto Hagio - Anthologie


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